Le confinement et nous

Une expérience inédite
dimanche 3 mai 2020
par  Franck SCHWAB
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Cet article inaugure une rubrique qui a pour vocation de donner la parole à nos adhérents dans cette situation si particulière qu’est le confinement et que sera encore vraisemblablement pour un temps assez long le postconfinement.

Comment faisons-nous chacun dans nos collèges et nos lycées pour maintenir le lien avec nos élèves et continuer à les initier à nos apprentissages ?

Comme toujours dans le domaine éducatif, il est évident qu’il ne peut pas y avoir de réponse simple ni surtout de réponse univoque tant nos établissements sont différents les uns des autres, et tant nous sommes nous-mêmes différents les uns des autres.

D’où l’intérêt d’exposer ici nos démarches individuelles afin de susciter une réflexion dont chacun d’entre nous devrait pouvoir tirer profit au final.

Pour ce qui me concerne, j’enseigne dans un lycée sur les trois niveaux de Seconde, Première et Terminale.

Au moment où le confinement s’est produit, il restait encore quatre semaines avant les vacances de printemps et, en étant optimiste, on pouvait alors espérer reprendre les cours à la rentrée du 27 avril.

Les Terminales avaient en tête les épreuves du bac, les Premières la deuxième session d’E3C et les Secondes leur passage en Première, en particulier ceux d’entre eux qui avaient eu un avis réservé ou défavorable au 2ème trimestre et qui souhaitaient emporter la décision en faisant un bon ou un très bon 3ème trimestre.

Donc, toutes mes classes - à l’exception des traditionnels élèves en déshérence, très peu nombreux dans chacune d’entre elle, cette année - voulaient avoir du travail à faire et le demandaient même.

Pour les satisfaire - et remplir ma mission d’enseignement - je suis, comme beaucoup d’entre nous, quasi exclusivement passé, durant ces quatre semaines par la Messagerie de Mon Bureau Numérique en suivant grosso modo le déroulé suivant qui s’est répété chaque semaine :

Envoi d’une partie de cours sur fichier Word avec, à la fin de chaque partie, un devoir à la maison à faire pour la semaine suivante, l’envoi du cours par parties successives devant éviter de rendre son assimilation trop "indigeste".

Retour du travail des élèves par fichier Word que je leur renvoyais, noté, en partie annoté, et accompagné surtout d’un corrigé détaillé sur un autre fichier word.

Techniquement, cela ne semble pas grand chose à faire, mais ayant 70 élèves de Première et 32 élèves de Seconde, cela veut dire, pour chaque devoir, télécharger une centaine de fichiers en accusant réception pour chacun, et cette seule opération prend finalement beaucoup de temps !

A quelques rares exceptions près, tous les élèves m’ont renvoyé leur devoir, pour les raisons que j’ai dites plus haut mais aussi parce que les CPE ont joué un rôle efficace en contactant les familles des élèves qui restaient silencieux.

Outre la Messagerie de MBN, j’ai aussi utilisé les Dossiers partagés de son Espace des classes afin d’y placer les fichiers de documents qui prenaient beaucoup de place.
Et j’ai utilisé aussi son Cahier de texte pour y mettre les corrigés et garder en mémoire le travail donné.

Par contre, je n’ai quasiment pas utilisé Ma Classe à la Maison.

J’ai tenté une fois l’expérience de la visioconférence avec ma classe de Seconde, mais j’ai été déçu :

d’abord parce que j’ai été confronté à beaucoup de problèmes techniques ;
ensuite et surtout parce que je ne savais pas ce que faisaient les élèves pendant que je parlais.

Un cours est un échange. Or ici, sous les dehors de la modernité, j’ai eu l’impression de me retrouver dans un cours magistral "pur et dur", écouté par un nombre d’élèves inconnu.

Car qui écoute vraiment parmi ceux qui sont connectés ? Certes, des élèves prennent la parole pendant une visioconférence, mais ce sont toujours les mêmes "forts en bouche". Et les autres pendant ce temps-là ?

Je n’ai pas voulu retenter l’expérience car le contact avec mes élèves était bien établi via la messagerie de MBN ; je savais les faire progresser puisqu’ils me rendaient quasiment tous leur travail ; et j’espérais la reprise des cours après les vacances.

Or nous sommes désormais dans une situation très différente de celle qui existait il y a trois semaines :

les cours n’ont pas repris et, dans un lycée comme le mien, ils ne risquent pas de reprendre de sitôt ;

la question du bac a été réglée puisque les Terminales savent désormais qu’ils n’auront pas d’épreuves à passer, sauf ceux qui iront à l’oral, mais pour les TS, avec lesquels j’enseigne, ce ne sera pas en HG ;

les Secondes et les Premières savent que les notes obtenues dans leurs devoirs à la maison ne compteront pas pour le 3ème trimestre puisque seul sera pris en compte par le conseil de classe leur investissement global dans le travail proposé.

Cette "nouvelle donne" risque d’entrainer une vraie démobilisation des élèves.

Comment la contrer ?

Pour les Terminales, je ne vois franchement pas comment, même si je continue à leur envoyer du travail et si certains d’entre eux me le renvoient. Mais il faut craindre que, pour eux, l’année soit déjà finie.

Pour les autres niveaux, je cherche désormais à utiliser, en parallèle avec la messagerie un autres outil de MBN : Moodle.

Je viens d’y mettre l’un de mes cours que mes élèves de Seconde avaient déjà en version Word.

Mais Moodle a aussi pour avantage de pouvoir insérer à l’intérieur du cours des capsules vidéos dont le visionnage est exclusivement réservé aux élèves de la classe.

Ces capsules ne sont pas si faciles que cela à mettre en lien (je n’y suis pas arrivé tout seul) mais leur intérêt pédagogique est évident puisque chaque capsule (de 3-4 minutes chacune) va porter - je n’en ai fait que deux pour l’instant - sur une partie du cours (le paragraphe d’un chapitre) que l’élève est censé avoir déjà lue et assimilée pour l’avoir reçue par la messagerie.

La capsule apporte donc une complément oral au texte dont on peut souhaiter qu’il relance l’intérêt de l’élève pour le sujet.

L’autre grand avantage de la capsule, à la différence de la visioconférence, est qu’elle peut être regardée (et re-regardée) par l’élève au moment de son choix alors que la visioconférence l’oblige à se retrouver devant son écran à une heure fixe pour un moment éphémère.

J’espère donc par ce moyen - et par d’autres qu’il me reste à trouver - prolonger l’intérêt de mes élèves pour l’histoire-géographie mais il est certain que plus les semaines vont passer, plus cela sera difficile.

Franck Schwab


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