Voyage à Sion et Domrémy (excursion des Agoras)

par Catherine Guyon et Etienne Paquin
lundi 1er juin 2020
par  fred131
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Voyage à Sion et Domrémy (24 octobre 2019)

Voyage à Sion et Domrémy (24 octobre 2019)

Il était difficile compte tenu du thème proposé par les Agoras de Lorraine, thème consacré à la Lorraine, un territoire de fronts et de frontières, d’ignorer Jeanne d’Arc et Maurice Barrès, deux personnages intimement attachés à cette province. C’est sans doute ce qui explique que 25 personnes se soient associées à ce projet d’excursion à Sion et à Domrémy le jeudi 24 octobre.

Bousculant la chronologie, la matinée est consacrée à Maurice Barrès. C’est en Lorraine qu’il naît, en 1862, et qu’il vit l’essentiel de ses jeunes années ; c’est elle qu’il représente à la Chambre de 1889 à 1893, c’est elle qu’il célèbre dans nombre de ses écrits. C’est à Charmes qu’il repose et à Sion, enfin, qu’est érigé le monument à sa mémoire. Le périple barrésien proposé aux participants s’ouvre, après une demi-heure de route, à Haroué. Cette paisible bourgade située au cœur du Saintois, à quelques kilomètres de la colline de Sion, a offert à Barrès l’occasion d’évoquer sa province natale comme en témoigne cette page célèbre d’Un homme libre intitulée « La soirée d’Haroué ». Retenu à Haroué dans un cadre austère une nuit de février, en proie à une profonde angoisse, il se livre à un exercice spirituel propre au Barrès du Culte du Moi, et médite sur sa Lorraine natale, ses limites et ses échecs. Quittant ce premier site, les voyageurs se dirigent ensuite vers la colline de Sion-Vaudémont, haut lieu historique et religieux de la Lorraine immortalisé par le roman le plus achevé de Barrès, La colline inspirée. Le paysage qui entoure ce lieu prestigieux, butte-témoin placée sur un alignement de côtes tournées vers l’Est, permet d’évoquer ce champ de bataille constant que fut la Lorraine depuis la plus haute antiquité. La visite de la basilique, dont le site a été voué à des cultes très anciens avant d’être consacré au culte marial, décline les étapes de la construction de l’édifice actuel. On peut aussi y voir les fameux « Po tojo », ex-voto qui rappellent les conflits franco-allemands, le premier érigé en 1873, autour duquel se réunissaient régulièrement les foules animées d’un patriotisme militant venues de tout l’Est de la France, y compris de la Lorraine annexée, le deuxième installé en 1920 qui célèbre - Barrès y prend la parole - le retour des provinces perdues, le troisième qui entérine ce retour en 1946. Enfin cette matinée s’achève par un parcours sur la butte-témoin jusqu’à Vaudémont où nous attend le déjeuner. Le car s’arrête quelques instants à la Lanterne placée au sommet de ce plateau d’où Barrès contemplait un paysage si typique de sa petite patrie. Érigée à sa mémoire cette lanterne de 22 m est inaugurée en 1928 en présence de Poincaré alors président du Conseil.

Dans Le Mystère en pleine lumière œuvre posthume inachevée et publiée en 1926 Maurice Barrès écrivait qu’ « à Domrémy, nous sommes enveloppés dans la vapeur du mystère où Jeanne se forma ». Il y forgeait l’idée que Domrémy était située dans la « vallée inspirée de la Meuse », sorte de pendant de la « colline inspirée » de Sion. La visite a été l’occasion de rappeler que ce village au pied de la cuesta de Meuse issu de défrichements de l’époque carolingienne se trouvait au XVe siècle dans une zone de frontières féodales multiples et complexes, même si l’influence de la France y était grandissante. Jeanne y a vu le jour en l’année 1412 (le jour est impossible à donner historiquement) dans une famille de paysans aisés relativement bien connue par les sources en raison de son anoblissement. Sur place, plusieurs lieux sont liés à Jeanne, à commencer par sa maison visitée depuis le XVIe siècle, comme en témoigne Montaigne en 1580. La maison agrandie à plusieurs époques a été rachetée par le conseil général des Vosges en 1818 qui a dégagé l’ilot et l’a aménagé en lieu de mémoire. L’église Saint-Remy voisine, lieu du baptême de Jeanne et de sa pratique religieuse, a aussi été modifiée et retournée au XIXe siècle, même s’il reste la tour romane, la nef du XVIe siècle, des fonts baptismaux qui selon des recherches récentes pourraient être du XVe siècle, et la plaque tombale des frères Thiesselin, d’une famille apparentée à celle de Jeanne. Les 8 vitraux johanniques ont été posés en 1953. Tout près, le centre d’interprétation « visages de Jehanne d’Arc » ouvert en 1999 présente des vestiges d’un première chapelle érigée en mémoire de la Pucelle au Bois Chenu au début du XVIIe et retrouvés en 1881 et offre une grande galerie qui rappelle pour le grand public le contexte du XVe et l’épopée de Jeanne. Une refonte complexe de cette galerie est en préparation et un nouveau parcours sera inauguré en septembre 2020. Le dernier lieu marquant est la basilique du Bois Chenu édifiée 1880 et 1940 à l’emplacement supposé de l’arbre aux fées puis de la chapelle commémorative déjà citée. Consacrée en 1926 et devenue basilique mineure en 1939, elle s’inscrit dans la série des grandes basiliques françaises du XXe siècle. Flanquée d’une tour monumentale à l’allure effilée pour rappeler les armes de Jeanne (l’épée en pal dressée vers le ciel passée dans la couronne tenue par des anges) destinée initialement à abriter le groupe sculpté de Jeanne écoutant ses voix du sculpteur Allar, elle renferme une église basse sous le vocable de Notre-Dame des armées, en mémoire à la Pucelle qui souhaitait que l’on prie pour les soldats morts au combat, et une église haute dont l’orientation a été modifiée en 1925. L’abondant programme iconographique (tableaux de Lionel Royer, mosaïques de Lorin, statues de Pierre Dié Mallet) porte la sainteté de jeanne, canonisée en mai 1920.

Catherine Guyon, Etienne Paquin


Le site de la mairie

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